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Ma lutte quotidienne contre l'anorexie
19 mars 2014

La famille

Je voudrais juste revenir sur une chose qui me blesse énormément. 

Je suis extrêmement volontaire et je fais tout ce que je peux pour me sortir de cette maladie qui me bouffe.

Mais c'est si dur, que oui, parfois je craque et je m'effondre. Dans les moments de désespoir, je n'y crois plus. Je ne crois plus en rien. Je me sens foutue, et tout est noir autour de moi. Je pleure, pleure et pleure encore. Sans parvenir à m'arrêter. A me voir, on pourrait croire qu'un drame vient d'arriver. Mais non, il n'en est rien. Tout va bien, c'est juste que je mange et donc que je fais ce qu'il faut pour vivre. "Il faut manger pour vivre." 

Bizarrement moi ça m'angoisse. Après un bon repas nourrissant, je fais une sorte de crise d'angoisse. Je sens ma vie basculer du mauvais côté. C'est à dire que pour moi c'est un cauchemar. Pourquoi ça me fait si peur de manger et de vivre? Je me mets à déprimer puis à paniquer. J'ai si peur que j'ai des idées noires. Je voudrais en finir pour ne plus avoir peur. 

Quand ça me prend, j'ai des accès de colère et je n'arrive plus à me contrôler. Tout est horrible, ma vie est une catastrophe. La dépression prend le dessus, d'où mon intense tristesse et mon pessimisme quant à l'avenir. La maladie me met alors plus bas que terre. Elle veut m'achever. Mon âme veut guérir mais toutes ces forces intérieures m'écrasent. J'en suis pour le moment, encore beaucoup trop prisonnière.

Noelaa, je me suis rendue compte que j'ai aussi cette peur d'être abandonnée. J'en ai eu la preuve hier soir: 

J'avais passé une très mauvaise journée, j'étais très (trop) fatiguée, ma tête avait du mal à suivre, et j'ai pleuré une bonne partie de la journée. En rentrant chez moi ça allait mieux. Mon papa est rentré du travail, fatigué et agacé par sa journée. 

Il monte me voir dans ma chambre. Je n'avais pas très envie de le voir, parce que je sais que lorsque je ne suis pas très bien, on finit toujours par se disputer. Il ne supporte pas ma maladie. Puis j'étais de mauvais humeur, je suis énervée de manger et de grossir, alors je n'ai pas envie de voir grand monde (encore moins mon père qui ne comprend pas ce que je ressens, même s'il fait beaucoup d'efforts). J'ai honte de remanger et je me déteste chaque jour un peu plus. 

Effectivement, j'avais raison. A peine entré dans ma chambre, qu'il commençait déjà à me soûlait avec sa morale "mais quand est ce que tu vas enfin lâcher prise?" "arrête un peu tes conneries" "tu sais ma puce, ça fait partie de ta maladie, c'est normal" "regarde ce que tu as fait pour en arriver là, maintenant tu dois remonter la pente"

Putain mais comment supporter ces paroles!! Je suis si mal que j'ai envie d'en crever, et on me dit que c'est normal et que c'est de ma faute. Que maintenant je dois subir en silence et guérir. Comme si c'était simple!!!

Je lui ai dit que je n'avais aucune envie de discuter, que j'avais besoin de me reposer et que je ne savais pas si j'allais manger avec tout le monde ce soir. Je savais que si je le faisais, j'aurais pété un câble et que le repas allait mal se passer. La maladie n'avait pas encore réussi à m'empêcher de manger malgré mon mal, mais ce soir je sentais que ça allait être le cas. Je voulais être seule, et peut être manger un petit quelque chose, seule, loin des autres. Et surtout loin de mon père. Je suis désolée d'être si méchante avec lui, je ne sais pas pourquoi ça me fait ça. Mais quand je suis mal comme hier soir, je ne peux pas manger devant lui et je ne peux pas parler avec lui. Sinon je finis par lui balancer des horreurs à la figure, lui aussi, et je suis encore plus triste.

Je lui avais donc bien fait comprendre qu'il fallait qu'on me foute la paix, et que ça irait. Que j'allais descendre manger un truc vite fait et que je me coucherai tôt. Je ne voulais pas faire passer à tout le monde une mauvaise soirée.

Je descends à la cuisine, décidée à manger quelque chose (je ne voulais pas laisser la maladie gagner). Mon père y était, il préparait quelque chose pour sa copine et lui. Ma soeur s'était préparée un plateau pour aller manger devant la télé (vu l'ambiance), puis ça lui permet de faire une petite pose (la pauvre elle fait que bosser pour son concours!). J'allais aller jeter un coup d'oeil dans le frigo (comme d'hab avec cette peur de la nourriture et de ce que j'allais manger pour encore grossir..., mais je prenais sur moi. C'était déjà un gros effort pour moi de descendre, d'être toujours volontaire pour manger (j'avais fait l'effort de bien manger toute la journée...). Je demande à mon père si ça va, il me dit que non, il en a marre. Je sais bien que je fais partie d'une des causes de sa mauvaise humeur. Par le biais de ses réactions et de ses paroles, il m'a bien fait comprendre que je le faisais chier, mais bien!

Moi qui avait eu une petit élan de motivation => retour case dépression et maladie. 

Je remonte hélico dans ma chambre pour encore pleurer. Je me suis encore détestée à vouloir en crever. Je me suis dis "à quoi bon?". J'étais totalement perdue. Perdue parce que quoi que je fasse je fais chier les autres. Je m'efforce de guérir (pour arrêter de rendre les gens qui m'entourent malheureux), mais même en faisant ces efforts, on me déteste.  Si je ne fais rien et que je reste dans la maladie, c'est pareil: tout le monde sera malheureux de me voir comme ça (même si moi je me sentirai mieux _ à tord_). Alors je pense à la mort: mais là encore, je ne peux rien faire. Que ferait ma petite soeur d'amour, et mon papa?

Alors c'est horrible, parce que je ne vois pas d'issue. Et j'ai l'impression que je devrais vivre comme ça toute ma vie. Mais ce n'est pas possible de souffrir autant.

Je me sentais rejetée par mon père, je me sentais abandonnée et seule au monde. Dans ces moments là (même si c'est vrai que je n'ai pas envie d'entendre une morale insupportable sur le pourquoi du comment, ni de parler), je voudrais juste un peu de tendresse. J'aurais aimé que mon papa soit présent pour me rassurer et pour me dire que ça va aller. J'aurais voulu qu'il me prenne dans ses bras. Mais non, aucune consolation. J'étais seule. Je me haïssais plus que tout. J'avais envie de me détruire, de tout casser autour de moi et de me faire du mal. Mais je ne faisais rien, parce que je me dis que j'agraverai ma situation, et j'ai bien raison. Alors je reste à pleurer sur mon lit, en espérant que ça passe. 

J'en ai énormément voulu à mon père de me laisser seule, de ne pas venir me voir de la soirée à part pour me dire bonne nuit. Il préfère me laisser endurer ma souffrance toute seule. Parce qu'il est fatigué par le travail, et parce qu'il a passé une mauvaise journée. Il n'a pas envie de se faire chier avec une fille qui se crée des problèmes insensés.

Quand j'étais dans tous mes états à vouloir en mourir, je pleurais toutes les larmes de mon corps, je n'arrivais même plus m'expliquer, ni même à respirer correctement: 

il monte dans ma chambre et me dit: "mais reprends toi bordel" "t'as cas te secouer un peu" "tu crois que t'es la seule à surmonter des obstacles" 

J'aurais été capable de le frapper tellement je rageais de l'intérieur. 

cette phrase "t'as cas te secouer un peu":        putain mais tu crois que je fais quoi toute la journée?????????????????????

je n'en pouvais plus, il fallait qu'il sorte de ma chambre. Je trouve que son comportement est tellement "déplacé". S'il pouvait imaginer _ne serait-ce qu'une seconde_ les efforts que je m'efforce de faire pour en être là où j'en suis aujourd'hui. Beaucoup aurait abandonné la partie, je le sais.  Parfois je me demande pourquoi je fais tout ça, pourquoi je me bats? C'est tellement dur, et les êtres qui me sont le plus chers, ne sont même pas là dans les moments où j'aurais besoin de leur amour. 

Quand je leur dis que je suis motivée et que je vais m'en sortir, que je suis sur la bonne voix etc... ils approuvent, sans plus. 

Et dans les rares moments, où vraiment je déconne, et où je suis au fond du trou. On me fuit. On refuse de voir ma souffrance. Peut être se protègent-ils à leur façon, parce qu'ils ont mal de me voir comme ça. Mais jamais je n'aurais réagi comme mon père si c'était l'un d'eux 2 qui était aussi mal. Que ce soit mon père ou ma soeur, tout 2 sont vraiment nuls pour consoler quelqu'un. Ils ont sont incapables. Ils restent indifférents à mes larmes, et disent qu'il faut que je me calme, et que je suis ridicule. 

Bref j'étais mal et folle de rage. Aujourd'hui ça va mieux, mais j'ai été choqué de ce comportement... j'aurais tellement aimé que mon père me prenne dans ses bras et qu'il me rassure... 

Ce matin, il m'a dit qu'il regrettait d'avoir agi comme ça: ouf.

Après je sais que de l'extérieur c'est difficile, et qu'eux aussi ont leur vie et leur problème. De toute façon je suis très susceptible, et quand ça ne va pas, un rien prend des proportions énormes dans ma tête et c'est la catastrophe... je sais que c'est moi la malade. Mais bon... 

je suis heureuse d'être un nouveau jour en tout cas! 

 

 

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Commentaires
G
bonjour Fiana<br /> <br /> je suis desolée pour toi, je sais cbien c est dur a vivre.<br /> <br /> aujourd hui je vais beaucoup mieux, l anorexie est loin derriere meme si parfois je me sens malheureuse.<br /> <br /> il faut s accrocher et accepter de l aide. malheureusement, la famille n est pas souvent la mieux placée pour nous aider. bien qu elle nous aime énormément<br /> <br /> courage a toi<br /> <br /> il faut y croire
F
Lorsque j'ai lu ton histoire, je n'est pas pu m'empêché de pleurer.. J'étais émue, émue de voir que quelqu'un pouvais malheureusement subir le même enfer que moi, que je n'était pas toute seule dans cette situation. Mes journées sont rythmées par des crises de larmes et d'angoisse avant et après chaque repas. Je ne sais plus quoi faire pour m'en sortir ?
Ma lutte quotidienne contre l'anorexie
  • Cela fait plusieurs mois que j'écris ce que je ressens par rapport à la maladie, qui me tourne autour depuis l'âge de 12 ans. J'ai l'impression que ça me libère un peu. J'ai longtemps pensé à faire un blog et finalement je me lance avec l'espoir d'aider.
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