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Ma lutte quotidienne contre l'anorexie
22 mars 2014

Encore besoin d'écrire

A un moment il me semblait vraiment que j'étais sur la bonne voix (même si certains moments étaient très durs). Je retrouvais goût aux aliments et je n'appréhendais plus trop les repas. Il y a plusieurs semaines de cela, lorsque mon nutri m'a proposé une hospitalisation dans une clinique spécialisée, j'étais un peu surprise. J'étais mal psychologiquement mais c'était supportable... Je ne croyais pas que ça pouvait empirait.. j'espèrais qu'en continuant mes efforts et en faisant preuve de bonne volonté et de courage, ça irait de mieux en mieux.   Mais non! 

Aujourd'hui, je ressens le stress et l'angoisse X10. Et surtout je me sens épuisée!! Ce midi, j'ai encore pleuré avant le repas... mais ça a quand même été. J'ai pleuré simplement parce que je suis fatiguée de tout ça. Et je préfère que ce soit pour cette raison, plutôt qu'à cause de sentiments comme hier: Ce midi, je n'étais pas en colère contre mon papa, qui a essayé de me consoler. Et je n'avais pas cette violence en moins que je ne supporte plus.

Bref, tout ça pour dire que mon nutritionniste avait raison, quand il a dit à mon père et à moi, que certes, je faisais beaucoup d'efforts pour guérir, mais que je risquerai fortement de craquer. 

C'est vrai. Même si j'aime énormément mon père et ma soeur, je supporte de moins en moins le milieu familiale. Et c'est de plus en plus difficile de manger devant eux, et de manger tout cours.

Ce matin encore, j'ai remarqué qu'en présence de mon père, la maladie se montre plus forte. Déjà, en me levant, je n'avais pas envie de déjeuner. Mais, machinalement, je préparais quand même mon thé et je mettais ce qu'il fallait sur la table. Pendant ce temps mon père est entré dans la cuisine. Il voulait me faire un câlin, mais je l'ai repoussé (le pauvre!). J'étais mal et de mauvaise humeur, je ne voulais pas qu'on me touche. Et j'essayais (intérieurement) de faire taire cette petite voix qui ne me laisse jamais tranquille. Mon père m'a demandé si je voulais du pain, j'ai dit non. Ou plutôt c'est la maladie qui m'a forcé à dire non. Peut être aussi, pour contrarier mon père. S'il n'avait pas été là, j'en aurais peut être manger. Mais là, non. Il me demande si j'ai bien dormi et si je vais bien. Mais il connaît déjà la réponse. Qui demeure, inlassablement: Non. Toujours non. 

Je m'apperçois de la déception et de la tristesse dans son regard. Mais j'y suis (ou plutôt je m'y montre) indifférente. Je reste en face de lui, à avaler mes céréales avec dégoût, comme si c'était une véritable torture. La maladie affecte mon comportement: Je suis distante et froide. Même si je l'aime, je ne fais pas le moindre effort pour le lui montrer. Alors qu'au fond, je suis toujours sa petite fille chérie. Je ne sais pas pourquoi je réagi ainsi avec ma famille, et particulièrement avec lui. Parfois, j'ai l'impression que je le fais exprès. Mais ce n'est pas vraiment moi, c'est cette maladie de merde qui me rend méchante.

Je ne voulais même plus manger mon petit ramequin de céréales. J'avais envie d'envoyer valser la nourriture et les tasses sur la table. La maladie s'était réveillée en même temps que moi ce matin. A un moment mon père me dit "tu sais je lui ai foutu une raclée à ton démon pendant la nuit", puis -en voyant mon regard réprobateur- il poursuit " si, si je t'assure" 

Mon papa voulait m'aider, mais ça me braque encore plus. Quelque part, ça m'énerve qu'il fasse comme s'il savait ce que je ressens, alors qu'il n'en est rien. Mais surtout, quand il dit des choses comme ça, la petite voix devient encore plus forte. Parce que, déjà qu'elle est très contrariée par le fait que j'essaie, de toutes mes forces, de la faire taire_ alors si en + mon père s'y met, ça ne va plus du tout. Elle se sent trop menacée, et elle a peur de perdre la partie. Alors, elle me fait souffrir encore plus. 

Enfin bref, c'est vraiment difficile. Je m'en veux d'être malade et d'agir de cette façon. Je sais très bien que mon papa essaie de faire de son mieux, et que la situation le peine énormément. Il m'achète ce que je lui demande (je suis vraiment chiante!), il essaie de faire son possible pour m'aider (même si des fois il s'y prend mal), il est adorable. Et moi, en contre partie, lorsque je suis mal, je lui dis que je le déteste et qu'il ne comprend rien. Je rejette ma colère et ma souffrance sur lui. Je m'en veux tellement... En plus, sur le moment, je ne pense même pas à tout ce qu'il fait pour moi. Je suis bien trop mal pour ça. Mais, j'avoue, qu'après, je culpabilise et je regrette beaucoup. A sa place, je serais tellement triste, j'en aurais les larmes aux yeux. Le pauvre, il doit être si mal lui aussi... je l'aime mon papa. Je vais guérir et bientôt tout rentrera dans l'ordre.

Je suis un peu inquiète, parce que je sais bien que la seule solution pour que je me sente un peu mieux, serait d'écouter la petite voix.  Mais la plupart du temps je m'y refuse et je me bats. Je m'efforce de penser que je n'ai pas besoin d'elle pour vivre. Et pourtant, elle qui me terrorise quand je lui désobéis, me fait_aussi_ me sentir en sécurité et protégée, lorsque je lui obéis. 

Je ne sais pas pourquoi j'ai tant besoin d'écrire. On dirait que je veux laisser une trace de tout ça. Comme si j'avais peur d'oublier. Je pense aussi que j'ai besoin qu'on m'entende. Alors, je me sens obligée de dénoncer ce que peut nous faire ressentir cette maladie. Je n'ai pas encore vraiment compris pourquoi j'y ai trouvé refuge, mais j'ai hâte de le savoir. 

Peut être devrais-je arrêter de vouloir toujours tout écrire, ça ne me fait qu'y penser un peu plus. J'avais dit que je voulais essayer de me détacher de tout ça, mais il faut croire que je n'en suis pas encore en mesure.

Je me sens vraiment nulle d'être comme ça ... J'ai du mal à croire que j'en suis arrivée là. Je me trouve pathétique, surtout dans les moments où j'arrive à me sentir mieux. Je me dis que je suis ridicule et que je n'ai pas de raison "concrète" d'aller mal. Je pense que si je n'étais pas malade, mais que ma soeur l'était (par exemple), je réagirai exactement comme mon père. Si ce n'est que plus mal. 

Et pourtant... 

Mais bon, je pense qu'une fois guérie, cette expérience me rendra plus forte. Puis, ce que je vis aujourd'hui, m'oblige à réfléchir sur le pourquoi. Pourquoi je suis malade?

 

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Ma lutte quotidienne contre l'anorexie
  • Cela fait plusieurs mois que j'écris ce que je ressens par rapport à la maladie, qui me tourne autour depuis l'âge de 12 ans. J'ai l'impression que ça me libère un peu. J'ai longtemps pensé à faire un blog et finalement je me lance avec l'espoir d'aider.
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