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Ma lutte quotidienne contre l'anorexie
14 mars 2014

Saute d'humeur

Ce midi ça ne va pas du tout. 

J'avais conduite ce matin puis je suis passée à ma prépa pour régler 2,3 trucs.  Comme prévu, je suis rentrée pour manger. 

Ma soeur et mon père sont très pris par leur travail en ce moment. Ils font tout vite et ça me stress. Déjà que je ne n'arrive pas à me poser... Mais bon je ne peux pas leur en vouloir. 

Au déjeuner, c'était des spaghettis. Je sentais que j'allais avoir du mal à gérer mes angoisses. La maladie ne compte pas décamper comme ça. Mon père et ma soeur servis, ils mangent avec appétit. Ils faisaient tout très vite, et j'avais l'impression qu'il y avait énormément d'agitation dans cette cuisine. Je me sentais stressée, obnubilée par la bouffe, et observée par mon père.

Déjà, la peur de la nourriture et l'angoisse m'incitent à vite manger, pour en finir avec le repas. Car, un repas est une source de souffrance (du moins la plupart du temps). Autour de moi, ils mangeaient vite, et moi, j'étais mal et j'avais peur.

Finalement, je mange d'abord quelques brocolis cuits à la vapeur, puis je me sers une assiette normale de pâtes, j'y ajoute de la sauce tomate, du parmesan et du gruyère en quantité normale. Bizarrement, je me suis sentie "pressée", "bousculée" par ma famille. Comme si, la seule chose qui comptait était que je termine mon assiette. (je pense qu'en fait c'est la seule chose qui compte pour moi, non pour les autres). Et, par peur de ne pas y arriver, je mange alors assez vite (contrairement à mes habitudes). 

La maladie ne supporte pas que je mange, d'autant plus sans faire "de chichi". La petite voix me mène à la culpabilité et me dit que je ne suis qu'une grosse. Elle me fait bien remarquer que je suis entrain de me laisser aller et de manger au même rythme que les autres. Ca, j'ai du mal à l'accepter. J'ai du mal à vivre normalement et à lâcher mes vieilles habitudes. Ou plutôt, le fait de le faire, me donne le sentiment de tout perdre. De perdre la seule chose qui me rendait "satisfaite de moi même". Je contrôlais ce qui entrait dans ma bouche, je mangeais très (trop) doucement alors que mon corps était affamé. Aujourd'hui, je pense que quelque part, j'en était fière. Fière de réussir à résister à ma faim et à mon corps. Pourtant, sur le moment, je pensais seulement "ne pas manger dans le but de maigrir". J'éprouvais une certaine satisfaction quant à mon comportement.

Je me faisais du mal, et on dirait que cela me plaisait. J'ai du mal à envisager que j'ai le droit de me faire plaisir et d'écouter mes envies. Je n'ai pas l'impression de mériter quoi que ce soit, alors comme arriver à donner à mon corps ce qu'il réclame? 

Aujourd'hui je le fais, mais j'ai du mal. Je suis fière de mes efforts pour combattre la maladie. Mais en cherchant à guérir, je tue aussi une partie qui est bien ancrée en moi, et ça, c'est très dur. Je me perds, je ne me reconnais plus. 

Bref, à table je me sentais mal. J'ai mangé toutes mes pâtes, puis avec ma soeur on a pris une part de tarte aux citrons que j'ai faite. Le repas je l'ai quand même apprécié, malgré toutes les pensées négatives et l'angoisse qu'il me procurait, mais je culpabilise beaucoup. Rien que le fait d'avoir mangé mes pâtes à une vitesse normale me pousse à me considérer comme "une grosse". Je trouve ça mal de me laisser aller à manger normalement (aussi bien en quantités, que dans la manière de le faire).

L'"ambiance de toute faire vite" n'aidant pas, je n'ai pas pu contrôler mes émotions et mon humeur. Surtout que mon père m'a dit à un moment donné: "tu es peut être sur la bonne voix mais va savoir si ça va durer" (enfin un truc dans le genre), et aussi qu'il s'inquiètait pour moi "parce que si à 18 ans tu as déjà des problèmes comme les tiens..." en gros t'es conne quoi (enfin moi je perçois ces paroles comme ça). Donc super merci papa! 

Tout ça, c'est arrivé parce qu'on a commencé à parler un peu de la maladie. Au début ils plaisantaient en faisant quelques petites blagues etc.. alors je prenais les choses mal, et de fil en aiguille, la maladie a parlé à ma place. J'étais dans le refus. Je leur en voulais, alors qu'on fond je les aime. J'étais en colère contre eux, mais surtout contre moi. J'étais en colère d'avoir mangé, d'avoir aimé ma tarte aux citrons. Parce que la maladie m'interdit d'être heureuse, sauf si je me réjouis d'une perte de poids. Quand mon comportement va à l'encontre de ce que voudrait mon corps, c-à-d un comportement nocif pour moi, la maladie l'approuve et elle est heureuse. Heureuse que je me détruise. Elle se dit qu'elle est entrain de gagner parce qu'elle est tellement plus forte que moi, qu'elle me donne envie d'en finir. Donc je me fais de plus en plus de mal.

C'est tellement dur de lutter. Je ne pouvais supporter de rester dans la cuisine, alors, je suis partie fâchée. Je n'étais plus moi même, la maladie s'était réveillée. Dans ma chambre j'aurais aimé pouvoir en finir, j'avais une forte envie de me faire du mal. Toute cette violence et cette haine à mon égard sont insupportables. 

Alors je me suis dit que plutôt que de faire une bêtise, et de laisser la maladie gagner, je n'avais cas écrire ce que je ressentais. Et j'ai bien fait. Je ne me sens pas vraiment apaisée, je ne sais pas comment va se passer l'après midi. Je me dégoûte de vivre. J'espère que je vais retrouver ma bonne volonté. 

A mon père je lui ai dit "vivement que je me casse dans cette clinique". Je me rends compte que je suis méchante, mais je trouve que lui aussi. Les gens m'énervent avec leur réflexions par rapport à ma maladie (telles qu'elles soient). 

Tant pis, je dois accepter d'être en colère, d'en vouloir au monde entier et de me détester. 

Je me hais tellement... ce corps je voudrais qu'il disparaisse. Je me hais à cause de la maladie. Parce qu'elle me fait me sentir énorme et horrible, mais aussi parce qu'elle fait tant de mal à ma famille... 

Pas très joyeux, je devrais faire de la relaxation ou un truc dans le genre. Mais j'ai tant de tension et de violence en moi, que je suis sûre que j'aurais un mal fou à me concentrer. 

L'article va se terminer ici, et moi je ne sais pas ce que je vais faire. J'ai envie de tout foutre en l'air mais je ne ferais jamais ça. J'ai tant d'espoir, et je repense à ce que j'ai écrit précédemment. Ça vaut le coup de guérir, je le sais.

 

 

NB:

ça y est, je vais déjà mieux. Je suis sortie tout de suite après sur mon balcon. Il fait grand soleil et la température est agréable. J'ai mis en application quelques exercices de sophro que j'ai appris aux dernières séances et ça m'a drôlement aidé à me calmer.

Je devrais aller en refaire tout de suite même! 

 

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Commentaires
G
oui, je me suis sentie mieux sur le moment, mais c'est vrai que c'est dommage parce que ça ne dure pas. Dès que je cesse les exercices de respirations ou autre, mes angoisses et mes mauvaises pensées reviennent... c'est pour ça que j'ai mis que je devrais aller en refaire tout de suite ^^ <br /> <br /> <br /> <br /> Merci Noelaa, ça me fait plaisir que tu me dises ça <br /> <br /> De même, je pense bien à toi, j'espère que tu t'en sors
N
Contente que cela aille mieux, je pense beaucoup à toi. Je trouve que la sophrologie ou la meditation, même si c'est très dur au début parce que la tête se "révolte", permet de se reconnecter à son corps, de le réécouter et se réconcilier avec lui, du moins temporairement.<br /> <br /> Je le rèpète tu es très courageuse.
Ma lutte quotidienne contre l'anorexie
  • Cela fait plusieurs mois que j'écris ce que je ressens par rapport à la maladie, qui me tourne autour depuis l'âge de 12 ans. J'ai l'impression que ça me libère un peu. J'ai longtemps pensé à faire un blog et finalement je me lance avec l'espoir d'aider.
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