Une super motivation
Ce matin, la journée commence avec pleins de pensées positives. Je me sens bien. J'ai envie d'aller de l'avant et de combattre la maladie une fois pour toute. Je pense m'inscrire à la fac, je vais contacter la prof par mail. Je ne vais pas rester seule face à cette m****. Je ne vais pas me laisser faire, et elle ne peut pas m'empêcher de vivre. Elle arrive encore à m'empêcher de manger, mais pas de vivre. Je n'étais pas comme ça. J'ai déjà perdu trop de temps. J'ai gâché pas mal d'années avec ces obsessions, avec ce désir de changer mon corps. Mais dans quel but? Je n'ai toujours pas de réponse. J'allais bien quand je sentais mon ventre vide, quand la faim me tiraillait. Je me sentais forte de ne pas manger, de tout calculer. J'ai toujours ce schéma en tête de tout ce que ma bouche avale. Pour la petite voix c'est toujours trop, et pour que je puisse redevenir la personne que j'étais, ce n'est pas assez.
Mais j'ai la volonté de m'en sortir. Je suis vraiment très motivée. Le petit déjeuner ce matin s'est bien passé, je n'ai même pas eu envie de vomir en me réveillant. Pour le moment je respecte la pesée une fois par semaine. Je me pèserai Mardi. Sincèrement j'espère avoir pris un petit peu. Même si le démon va tout faire pour me mettre au plus bas si j'ai pris un peu de poids. Il a qu'à dire ce qu'il veut, je l'emmerde. Je serais peut être triste, je vais culpabiliser, et me sentir très mal, mais c'est un passage obligé pour guérir. Plus vite je le serais, plus vite je serais heureuse. Ce n'est pas perdre du poids ou rester comme aujourd'hui qui me rendra heureuse.
J'ai un nouveau goût de complément alimentaire à tester: caramel. Parfois j'ai l'impression d'être un bébé. Je demande à mon père de m'acheter des petits yaourts (c'est un peu comme des petits filous ou gervais aux fruits). Et j'aime manger ça plutôt qu'un yaourt normal. Il me faut mes biscuits spéciaux pour le matin, mes pommes, mes yaourts... c'est ridicule. Maintenant je mange de tout et je n'ai plus peur. Ma boule dans la gorge est encore là lors des repas et même en dehors. Mais elle est moins prononcée. Bientôt je pense qu'elle disparaîtra. Je me rends compte que j'avance et que je me sens plus heureuse. Je suis très contente.
Il y a des hauts et des bas. Et parfois je me sens déprimée, j'ai envie d'abandonner. Mais jamais! J'ai assez souffert, et j'ai assez fait de mal à mes proches comme ça. J'ai envie de faire plaisir. De redevenir moi, d'être heureuse. De vivre comme les jeunes filles de mon âge. Je sais que les repas ne seront plus jamais quelque chose de naturel pour moi. J'aurais toujours un ressenti étrange, des pensées négatives. Mais elle seront infimes.
Ce matin, je me sens de taille pour combattre la maladie. J'espère que je vais bien manger pour avoir l'occasion de vous faire part d'un bon repas. Et la petite voix va se fermer sa g****e. Parce que je suis plus forte.
Je ne suis pas naïve, je sais que c'est très dur de s'en sortir. Mais d'autres ont réussi, alors pourquoi pas moi? pourquoi pas vous?
Courage à toutes celles qui se battent contre la maladie,