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Ma lutte quotidienne contre l'anorexie
10 février 2014

Un petit retour en arrière

Je me considère anorexique depuis 2 ans. Avant cela je faisais des régimes durant lesquelles je perdais quand même pas mal de poids. Mais, quelques mois plus tard je me reprenais en main, je remangeais (très) bien et récupérais mes kilos perdus. Ce n'était pas très voyant de l'extérieur. Seule une personne a toujours était au courant de mes comportements anorexiques: ma soeur jumelle. 

C'est uniquement grâce à elle que je m'en sortais à chaque fois, que je retrouvais une certaine joie de vivre, loin de ces obsessions de maigreur. Malgré tout, l'anorexie est une maladie perverse, qui ne vous quitte jamais totalement. Alors, souvent je rechutais. 

Puis, il y a deux ans, j'ai comme à mes habitudes "entamé un petit régime, juste pour m'affiner et être plus jolie". Ma soeur me voyais venir: d'abord plus de goûter, ensuite des repas complets mais hyper équilibrés, puis plus de fromage, plus de pain, plus de gâteaux ni chocolat, plus de féculents... puis finalement, plus grand chose. Les mois passent, et ayant toujours été très sérieuse dans mes études, je me réfugie beaucoup dans mes devoirs et mes cours. Ainsi je perds du poids assez rapidement. La maladie commence à m'isoler des autres. D'abord de ma soeur, ce que je regrette le plus. Mais aussi de mon père, avec qui je parle moins. Oui, parce qu'à table je me fiche de toutes les discussions qu'il peut y avoir, ce qui m'intéresse c'est seulement de manger le moins possible, de vérifier tout ce qui va entrer dans ma bouche. Je m'isole aussi par rapport à mes amis, même si j'ai la chance d'en avoir des super qui ne m'ont jamais laissé tomber. A l'époque j'avais un copain, et lui aussi, je l'ai laissé: je préférais rester travailler chez moi, je m'aimais de moins en moins, alors comment se laisser aimer par quelqu'un d'autre? Je n'avais plus envie de rien. Je ne voulais plus sortir, je ne parlais plus beaucoup, je restais avec mes pensées anorexiques et mes cours. 

J'ai continué à perdre du poids, j'ai eu un "mini déclic" avant le bac de français, j'ai remangé un peu plus, puis durant l'été j'ai rechuté. A la rentrée de terminale je me suis retrouvée à -12 kilos. Mon entourage et mes amis au lycée se demandaient ce qu'il se passait. Moi, je faisais comme si tout allait bien.  Mais au fond de moi, je souffrais énormément. Je me détestais. 

Un matin je me suis réveillée, je me suis vue dans le miroir de ma salle de bain: j'étais très maigre. Mais surtout, j'étais tellement déprimée et ce en me levant. Moi qui aie toujours été de bonne humeur le matin, je me hâtais dans la cuisine prendre mon petit dej avec le sourire. Et aujourd'hui, des pleurs et encore des pleurs. L'envie de ne rien faire, je n'avais même plus envie de travailler. 

Une seule solution pour moi, me tourner vers ma soeur, la seule à me comprendre. Je savais qu'une fois de plus, elle pouvait m'aider à m'en sortir. Je me suis remotivée grâce à elle, je me suis dit que je n'allais pas gâcher mon année de terminale, que je voulais avoir mon bac. J'ai recommencé à manger quasiment du jour au lendemain. Je ne sais que trop bien comment réagit mon corps lorsque je me ré alimente: plutôt bien_par chance. Après des mois et des mois qu'à manger des pommes et du jambon, je réintègre des plats "normaux". Je n'ai pas trop de maux d'estomac et je pense que je digère assez bien. Pendant cette période je ne suis pas suivie et il est très dur pour moi d'accepter de grossir, même si ça s'est fait progressivement. Heureusement ma soeur est présente quand je vais vraiment mal, je fais des crises de larmes, j'ai envie de me suicider. Oui, c'est triste mais je préfère mourir que grossir. Je hais ce corps, qui est le mien. 

Finalement, malgré des périodes de souffrances quasiment insupportables et un mal être profond que je tente de mettre de côté, je m'en sors. Du moins physiquement: sur les 12 kilos j'en reprends environ 8, et atteins ainsi un imc de 17.8 (bon pas bien grosse tout de même, je sais!). Mais mentalement, je pense que je sais qu'inconsciemment, la maladie n'est qu'en retrait et prête à revenir à grands pas. En effet, je remange bien mais dans ma tête rien n'a changé. Après chaque repas, après chaque jour je sais exactement ce que j'ai avalé et je culpabilise si je trouve que c'est trop, ou si je pense que ça va me faire grossir.

A la fin de l'année scolaire, j'obtients mon bac S mention bien. L'été est là et j'en profite d'une grande partie. Mais au mois d'août mon "demon anorexique" _comme je l'appelle_ refait surface. J'entre en prépa mpsi à la rentrée, j'ai hâte mais j'ai sûrement une petit appréhension. Je me rassure en me disant que je reprends un peu le contrôle de mon alimentation pour avoir une hygiène de vie saine  et réussir mon année. Je me voilais la face, j'ai laissé l'anorexie se réinstaller à nouveau. Il m'est facile de reperdre le poids que je juge de trop, je sais comment je maigris et ce que je dois manger ou pas pour maigrir. 

L'année scolaire débute, je rencontre des gens super, il y a une bonne ambiance et les cours sont intéressants. Bon il y a énormément de travail, on arrête pas. 

Je passe mes journées en cours/DS/kholles, le soir je rentre et je travaille en général (trop) tard. J'arrive à suivre en cours mais je sens bien que je rame, je traine un énorme boulet derrière moi.

Les mois passent, je continue à perdre du poids: l'hiver arrive alors je peux me cacher sous mes pulls. Je me gêle tous les matins à l'arrêt de bus, j'ai de plus en plus de mal à supporter le rythme de la prépa, je suis fatiguée, déprimée. 

En décembre je suis devenue trop faible, je pleure pour un rien, je suis insupportable et méchante avec mon entourage. Je m'efforce de tenir bon jusqu'à Noël, car je me dis que pendant les vacances je me reprendrai en main. Je "tire (beaucoup trop) sur la corde", je suis épuisée mentalement et physiquement. Être au lycée devient une épreuve, je fais des crises d'angoisses et j'ai de plus de mal à me concentrer. Ma tête est en boucle par rapport à la nourriture, par rapport à si aujourd'hui j'aurais grossi ou pas. 

Enfin les vacances: ouf. Mais je m'écroule. Je reste clouée au lit pendant tout le weekend. J'ai l'impression d'être au fond du trou, totalement déprimée. 

Je suis ensuite très vite prise en charge par des médecins. C'est une certaine libération pour moi, mes parents comprennent que je suis malade, que j'ai besoin d'aide. Ma soeur n'est plus la seule à devoir m'épauler et à se sentir impuissante, face à cette maladie qui me détruit chaque jour un peu plus.

Mais ce n'est là que le 1er petit pas sur le chemin de la guérison.

 

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Commentaires
G
merci beaucoup Redblazzer! <br /> <br /> tu es également malade?
R
On se connait a peine mais je te trouve magnifique.
C
cette maladie que tu traines derriere toi depuis maintenant 6 ans doit vraiment disparaitre pour que tu redeviennes la personne géniale que tu étais et qui au fond je le sais, ne t'as jamais quitté. Ca doit te pourrir la vie tout ça, ces obsessions alimentaires, ces deprimes, ce sentiment d'impuissance et de solitude... Mais je veux que tu saches que moi je serai toujours là pour toi et que j'admire vraiment comment tu te bats contre la maladie. Ca prendra le temps qu'il faudra pour que cela disparaisse mais le combat en vaut vraiment la peine. Une fois que tu auras surmonté ceci, il est primordial pour toi de continuer de te faire suivre afin de trouver l'origine de la survenue de cette maladie pour justement, l'empecher de revenir un jour te pourrir la vie comme aujourd'hui. J'ai été vraiment touchée par cet article et j'ai la certitude à te lire, que tu t'en sortiras parce-que la volonté est là, à travers tes mots. Tu sais probablement qui je suis :p je t'aime mon chatttttt à la muerte
Ma lutte quotidienne contre l'anorexie
  • Cela fait plusieurs mois que j'écris ce que je ressens par rapport à la maladie, qui me tourne autour depuis l'âge de 12 ans. J'ai l'impression que ça me libère un peu. J'ai longtemps pensé à faire un blog et finalement je me lance avec l'espoir d'aider.
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